La Fondation ABBL pour l’éducation financière et la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) ont organisé une conférence dédiée aux challenges de l’éducation financière au 21e siècle. L’événement s’est tenu en présence de Madame la Ministre des Finances Yuriko Backes. À cette occasion les résultats d’une étude sur les connaissances, comportements et attitudes des résidents luxembourgeois en matière de finances ont été présentés. Dans ce contexte, l’importance de disposer d’une stratégie nationale d’éducation financière tenant compte des évolutions économiques et financières de ces dernières années a été soulignée. Par ailleurs, un certain nombre d’alternatives d’apprentissage de gestion des finances personnelles a été présenté.
Un sujet plus que jamais d’actualité
« Les challenges en matière d’éducation financière sont bien présents, plus encore qu’il y a 10 ans, et même plus encore qu’il y a ne serait-ce qu’une année », a souligné Jerry Grbic, Président de la Fondation ABBL pour l’éducation financière en introduction de la conférence. Si bénéficier des bons réflexes en matière de gestion de son argent au quotidien a de tout temps été primordial, c’est d’autant plus vrai que différents phénomènes en amplifient la nécessité.
La digitalisation a paradoxalement rendu les opérations financières plus simples et rapides, mais aussi plus complexes pour certains et nous expose à différents risques tels que celui de l’exclusion financière, des fraudes en ligne ou celui de la surconsommation.
Nous vivons la fin de l’ère de « l’argent facile », à savoir celle des taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs, conduisant à des prêts à des taux extrêmement favorables aux emprunteurs et autres acquéreurs de biens immobiliers ou encore à une consommation à outrance.
Parallèlement, la crise du COVID-19 a accéléré un mouvement creusant les écarts entre les membres les plus riches de nos sociétés et les plus pauvres et ceci alors que les taux d’intérêt, les prix de l’énergie, tout comme ceux des matières premières et des biens de consommation courante ne font qu’augmenter. Le risque de voir s’accroître les difficultés financières des ménages les plus vulnérables est bien réel. Ces derniers auront plus encore de difficultés à gérer leurs finances quotidiennes et le nombre de ménages endettés, voire surendettés, risque de s’accroître.
Madame la Ministre des Finances Yuriko Backes a souligné : « L’éducation financière est quelque chose de vivant qui doit évoluer avec les changements de nos économies et du contexte financier. Ainsi, la finance numérique et la finance durable, mais également la sécurité informatique, devront aujourd’hui faire partie intégrante de nos efforts en matière d’éducation financière. Des citoyens mieux éduqués, sont avant tout des citoyens qui disposent des outils nécessaires pour contribuer de manière plus responsable et plus efficace à la construction d’un monde plus juste et plus durable. »
Une situation perfectible au Luxembourg
Afin de faire un état des lieux et de souligner l’importance de multiplier les efforts en matière d’éducation financière, la Fondation ABBL et la CSSF ont mandaté ILRES de mener une étude sur les connaissances, les comportements et les attitudes en matière de gestion financière. Cette étude réalisée sur base d’un questionnaire OCDE a permis de dresser un premier constat.
Si le niveau global des connaissances financières des résidents au Luxembourg est plutôt élevé et se trouve au-dessus de la moyenne des pays de l’OCDE sondés en 2020, il n’en est pas de même pour les comportements financiers ou les attitudes financières. Les scores sont encore moins bons pour ce qui est de la population des moins de 30 ans. Or, d’après Claude Marx, directeur général de la CSSF : « Dans un monde incertain, digital et de plus en plus complexe, l’éducation financière est fondamentale pour faire de nos enfants des citoyens avertis et responsables. »
Révision de la stratégie nationale en matière d’éducation financière
S’étant vu confier une mission de coordination des politiques en matière d’éducation financière, la CSSF a développé en 2015 une stratégie nationale en la matière. Des travaux de mise à jour sont en train d’être réalisés afin de tenir compte des évolutions de ces dernières années et d’adapter la stratégie aux nouvelles réalités.
Cette mise à jour de la stratégie nationale se réfère, par ailleurs, au cadre de compétences financières pour les adultes défini par la Commission européenne et le Réseau international pour l’éducation financière de l’OCDE (INFE) publié en 2022. L’objectif de ce cadre est de promouvoir une compréhension commune des compétences financières au sein des États membres et de proposer une base pour une approche coordonnée entre décideurs politiques, l’objectif ultime étant d’améliorer les compétences financières des particuliers.
De nouveaux piliers vont être intégrés à la nouvelle version de la stratégie : la cybercriminalité, les cryptomonnaies, la préparation à la retraite et la finance durable. Les auteurs formulent également un certain nombre de recommandations (cf. annexe) dont celle d’introduire l’éducation financière dans les curricula scolaires de l’enseignement fondamental et secondaire.
L’intérêt d’une telle démarche est d’ailleurs souligné par les premiers intéressés, à savoir les jeunes. En effet, dans le cadre d’une enquête menée par la Fondation ABBL en préparation de la conférence auprès de 667 étudiants âgés de 14 à 20 ans, 87,6 % des répondants estiment que l’éducation financière devrait être enseignée à l’école.
Lien : Article Paperjam – Culture financière insuffisante et gestion budgétaire désinvolte.